Transformer nos perceptions, un levier vers le bonheur ?
Comment cultiver notre bonheur en prenant soin de notre manière de regarder le monde et de percevoir les situations qui nous entoure ?
En préparant l'accompagnement d'un collectif sur un changement organisationnel, j'analysais la dynamique à l'œuvre au regard de la règle du 20-60-20. Elle énonce que 20 % des personnes accepteront d'emblée le changement. Un autre groupe, d'environ 60 % seront plutôt neutres et réservés au démarrage. Quant aux 20 % des personnes qui restent, ils résisteront et tenteront de le faire échouer.
Trop souvent, nous passons du temps et de l'énergie à essayer de convaincre, de rassurer, en un mot d'embarquer les 20% qui résistent. Pourquoi, au moins deux raisons me semble-t-il : Ils parlent plus fort que les autres et donc attirent à eux l'attention. Et puis, soyons lucide, une part de nous aime bien avoir raison - ou expliquer à l'autre en quoi il a tord - et possède cette fâcheuse tendance à vouloir ramener toutes les brebis dans le troupeau. Erreur stratégique car en accordant de l'attention aux résistances, nous offrons de la place aux aspects négatifs et cela à tendance à faire basculer les neutres vers cette perspective. L'opposition reste un mécanisme sain, n'en déplaise aux dictateurs et gourous, et les râleurs expriment souvent - sous une forme certes peu constructive - des points de vigilance parfois important à anticiper.
L'une des alternatives pour agir avec cette règle en conduite de projet est au contraire de focaliser volontairement son attention et son énergie sur les 20% favorables (les moteurs) pour les soutenir et ensemble amorcer la mise en œuvre en embarquant dans la dynamique les 60% (les suiveurs). Les 20% restant (les freineurs) se retrouveront alors en marge et répondre à leurs attentes permettra éventuellement d'affiner le projet ou de comprendre ce qui motive leurs revendications en profondeur .
Une évidence m'est alors apparue : Et si nous agissions suivant un schéma similaire avec nos émotions ? Nous avons tendance à accorder beaucoup de place et de temps aux émotions négatives, au détriment des positives. Et surtout nous ne portons pas attention aux nombreuses situations qui ne déclenchent pas d'émotions en nous, les neutres.
Nous possédons en effet une forte aptitude à porter de l'attention au négatif. Cette aptitude nous a permis de survivre pendant des millions d'années en aidant l'être préhistorique à repérer les problèmes éventuels. Nous sommes donc neurologiquement « câblés » à voir les problèmes (surtout chez l'autre !). Aujourd'hui, cette même aptitude nous « plombe » d'autant plus que les médias ont la fâcheuse tendance à nourrir continuellement cette facette de la réalité. Que penseriez-vous de nous re-programmer pour porter notre attention sur les choses « positives » et apprendre à les cultiver ?
Cette attitude va développer un autre regard sur la vie. Il ne s'agit pas là d'être pessimiste ou optimiste mais tout simplement d'être constructif. Face à un constat des différences facettes d'une réalité, qu'est-ce que je choisis de développer pour mon propre bien être et celui de mon organisation, qu'est-ce que je nourris ?
Cette vision va dans le sens de la légende amérindienne des deux loups
« Un soir, un vieil indien raconte à son petit-fils l'histoire de la bataille intérieure qui existe chez les gens et lui dit : Mon fils, il y a une bataille entre deux loups à l'intérieur de nous tous. L'un est le Mal : C'est la colère, l'envie, la jalousie, la tristesse, le regret, l'avidité, l'arrogance, la honte, le rejet, l'infériorité, le mensonge, la fierté, la supériorité, et l'égo. L'autre est le Bien : C'est la joie, la paix, l'amour, l'espoir, la sérénité, l'humilité, la gentillesse, la bienveillance, l'empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi. » Le petit fils songea à cette histoire pendant un instant et demanda à son grand-père : Lequel des deux loups gagne ? Le vieux répondit simplement : Celui que tu nourris. »
Et les neutres alors ? pourrions nous les estimer à 60% comme dans les dynamiques collectives ? Je n'ai pas connaissance d'études sur le sujet - Merci de commentez si vous avez des apports - mais à première vue je dirai surement plus. La liste des contacts qui déclenchent une émotion neutre me semble infinie. Par exemple, je n'ai pas mal aux dents aujourd'hui, j'ai de l'eau potable qui coule au robinet, une personne m'a dit bonjour dans la rue... Je trouve tout cela normal, je n'y porte souvent même pas attention et pourtant, lorsque ce n'est pas là, lorsque j'ai mal aux dents, lorsqu'il y a une coupure d'eau, que quelqu'un me croise sans un regard... Je vous laisse observer les réactions / interprétations instantanées qui se manifestent dans votre pensée. Et si tout ce neutre était du positif en puissance, à condition de le regarder comme tel ?
Comment cultiver son bonheur ? Focaliser volontairement son attention et son énergie sur tout ce qui va bien dans notre vie, apprendre à voir, à reconnaitre et à valoriser tout ce qui est neutre : un sourire, un rayon de soleil, un café partagé . Le négatif sera toujours présent mais notre regard y sera moins attaché et nous aurons naturellement une meilleure résilience pour agir et transformer ce qui peut l'être.
Une pratique très concrète invite à écrire chaque jour 3 conditions de bonheur qui ont été significatives dans notre journée. Un excellent exercice pour apprendre à les identifier, les "collectionner" et enrichir notre bilan journée de ces aspects pour les prioriser. Enfin, je vis en France et les conditions neutres sont très importantes dans ce pays. Lorsque j'en prend conscience je peux toucher la gratitude d'avoir ce privilège.
Et vous, êtes vous capables de citer 3 moments de bonheur vécus depuis ce matin ?